Elika s’assit à côté d’une autre fillette aux cheveux blond et aux yeux sombre et au nez très proéminent. Sa nouvelle voisine lui adressa un sourire radieu et décala un peu ses affaires pour lui faire de la place.

_ Je m’appelle Sofia et toi ?
_ Elika.

Sofia croisa les doigts avec grâce sur sa paillasse et observa le tableau un sourire béat accroché au visage.

_ Bien, nous allons nous appliquer à fabriquer une potion pour soigner les furoncles. Je vous laisse regarder la marche à suivre dans votre livre et si vous avez des soucis, n’hésitez pas à m’appeler ! Allez, au travail.

Sofia ouvrit son livre sur la table et commença à lire. Au bout de quelques secondes, son visage se crispa et ses yeux avaient l’air triste.  Elle se tourna vers sa camarade de paillasse, très perturbé.

_ Tu as vu ! Il y a des épines Porc-Épic, on va devoir en arraché sur un animal ! Le pauvre on va lui faire mal, s’affola-t-elle.

Elika l’observa médusée. Elle ne pensait tout même pas qu’ils allaient tous se mettre à courir après des Porc-Épic vivants. La fillette reconsidèra ce que sa mère lui avait dit sur les Poufsouffles et se dit que finalement, elle n’avait pas tord : ils étaient tous un peu simple d’esprit.

_ Je pense que le Porc-Epic  était mort quand ils lui ont prélevés. D’ailleurs, tu vois le bocale sur le bureau du prof ? Il est pleins d’épines, la corrigea Elika sur un ton plus condescendant qu’elle ne l’aurait voulu.

Sofia lui lança un regard humilié avant de retourner à son livre de Potion. Son air blessé chagrina Elika qui n’aimait pas être méchante. Elle préférait volontier laisser cela à Oxlene. Elle voulut s’excuser, mais le professeur Pimpulbottom s’approcha de leur paillasse, empêchant tout commentaires.

_ Alors les filles, allons nous bientôt sauvé le monde des sorciers de ces abominables furoncles ? s’enquit leur professeur avec bonhomie.
_ Je vais cherché les épines de Porc-Épic, lui répondit sombrement Sofia.
_ Bien ! Tu as de la chance de faire équipe avec Sofia, c’est l’une des jeunes filles charmantes qui a à coeur de le bien être d’autrui avant le sien. Vous avez des questions, Elika ? Concernant le cours, bien sûr.
_ Non, professeur, soupira la fillette.

Un sourire sympathique éclaira le visage du professeur qui reprit sa route vers un autre groupe d’élèves. Sofia revint avec quelques épines qui lui piquaient les doigts. Elika lança un regard désolé à la pince prévu au transport des épines. Elle s’abstint de tout commentaire et souria à Sofia qui s’installait à sa droite avec le bouts des doigts en légèrement couvert de sang.

_ Tu devrais peut-être aller à l’infirmerie ? s’inquiéta Elika.
_ Non, ça va aller, ne t’inquiète pas ! L’important c’est que le professeur Pimpulbottom soit content, n’est-ce pas ? s’exclama-t-elle en souriant.
_ Oui, acquiesça Elika retournant à leur Potion.

A plusieurs reprises, Eli leva les yeux au ciel un peu exaspérée, tout en faisant attention de ne pas être vue par sa voisine. Sofia n’était pas une fille susceptible et c’était très vite répandue en babillages aussi futiles qu’inutiles. A chaque fois qu’elle affirmait des choses fausses ou émettait un avis de genre, Elika se retenait de ne pas la reprendre. Elle n’osait pas non plus penser à ce que dirait Oxlene en entendant sa partenaire de Potion parler. Déjà que Temple la faisait bondir, alors la naïveté de Sofia la ferait chanter comme un Rossignol atteint de la rage.

« Tu prends pas de pause ? T’es là depuis l’aurore. »
Le sous-entendu appuyé par le ton désapprobateur de son collègue fit lever les yeux à Ian ; un petit paquet dans la main de Nom-Indéterminé, en plus d’indiquer que les gars du service prenaient leur pause déjeuner, l’invitait à se joindre à eux. Ian balança son crayon dans un coin de son bureau et s’étira sur sa chaise, faisant craquer son dos tendu.
« C’est gentil, mais j’attends la pause de Curt.
— Ah. Oui, il avait une petite mine ce matin. Mais bon. J’ai trop osé rien dire. Bon ben… À tout à l’heure alors.
— Hum. C’est ça. »
Une dizaine de minutes plus tard et Ian avait enfilé son manteau pour se glisser dans les couloirs encore dépourvus de chauffage malgré le mois d’octobre bien entamé. Le bureau de Curt n’était pas loin — un bureau froid, peu lumineux. Ian n’avait jamais compris comment Curt réussissait à travailler dans de telles conditions. Il frappa bientôt à la porte et attendit à peine qu’on l’autorisât à entrer ; sans étonnement, il faisait sombre et froid dans la pièce. Curt était toujours penché sur un plan, une main sur le front, l’autre traçant négligemment sur le papier.
« Tu bosses dans l’urbanisme et t’es pas foutu de demander un bureau décent, remarqua Ian en guise de bonjour, un sourire moqueur aux lèvres.
— Ta douce voix pleine de sarcasmes m’avait pas manqué. »  
Le ricanement puéril que laissa s’échapper Ian eut au moins le mérite de faire sourire Curt.
« Mais je suis quand même content que tu sois là.
— Je t’avais dit que je passerais.
— Les jardiniers t’ont trop couru sur le haricot, hum ? Avoue.
— Je ne suis pas jardinier, Curt. Comment tu vas ?
— T’as la tête de quand tes gosses sont pas là, toi, non ? éluda-t-il en croisant les bras sur son torse, toujours assis au fond de son siège.
— Kat est à la maison, démentit aussitôt Ian.
— Hm.
— T’as pas répondu. Comment tu vas ?
— Ça va. »
Le mensonge était si évident que Ian soupira, doucement d’abord, mais Curt ne lui laissa pas le temps de répliquer et attaqua :
« Tu n’as pas répondu non plus, à ce que je sache. »
Un sourire tordu déforma la bouche de Ian ; il passa une main sur sa nuque, tout penaud.
« T’as raison. Ce n’est pas la grosse joie depuis que Will et Abby sont repartis. »
Un demi sourire étira un coin des lèvres de Curt. Un lourd soupir s’en échappa, alors qu’il passait ses mains sur ses joues pour les masser brièvement. Il ouvrit la bouche, la referma aussitôt, fit la moue, sembla lutter pour s’exprimer, mais Ian le fit taire d’un sourire amusé :
« Pas la peine de t’embêter, j’ai compris.
— En vrai, ça va.
— Epargne-moi tes foutaises. Viens, on va se prendre une pizza pour parler de tout ça à tête plus reposée. On étouffe là-dedans.
— Ah, ça, c’est pas faute de le répéter. Mais tu vas prendre du retard dans ton travail.
— C’est pas grave. Je rentrerai plus tard.
— Hm. Et ta gamine ?
— … J’arriverai plus tôt demain, marmotta Ian après une hésitation. »
Curt plissa les lèvres tout en haussant un sourcil. Agacé, Ian lui rendit son regard.
« Ça changera rien au problème. Ta gosse aura besoin de toi ce soir et demain matin. On va aller faire comme d’habitude, casser la croûte et boire un verre rapide, comme ça au boulot et ce soir, Kat te fera pas de crise.
— Casser la croûte je veux bien. Boire un verre, on avait dit stop.
— Tu avais dit stop. J’ai rien dit du tout, moi, aux dernières nouvelles. »

When he reaches the good house – he thinks –, he stays a few seconds in front of the door before knocking.
When he finally does, there’s a few seconds before it opens.
The man behind seems taller and tanner than he remembers, but his face is still as familiar. He frowns.
“Curt?”
Curt manages to get half a smile out, despite the knot in his stomach. “Hi, Ian.”
“What are you doing here? Are you…?”
“Nobody knows I’m here.”
Except Owen, but Owen doesn’t know Ian, so he doesn’t count.
Ian looks around suspiciously in the street before opening the door wider.
“Come in” he sighs.
Once the door is closed, Ian leads him along a corridor.
“It’s not that I’m not glad to see you” he says in that English accent he never quite lost. “It’s just… you know.”
“I know. I’m not here for that. You don’t need to fear anything.”
“Is that guy a criminal or what?” asks Owen in his ear.
“Why, then?” asks Ian with a glance over his shoulder. “And how did you find me?”
Curt shrugs.
“We have our ways.”
“We? I thought you were alone.”
“I mean, in general. As agents. You know how it is.”
He tries to smile, and Ian stares a him for a few seconds in front of an open door. He eventually smiles back.
“Yeah. I do. Come and sit. You want some coffee?”
“Okay.”
“What are you doing? Accepting food and beverage from a source? That’s insane!” says Owen.
While Ian disappears through another door, Curt pushes some children’s books and toys over the dinner table to make some room. Around him, the living room is messy, with clothes, other toys and other books scattered across every piece of furniture. He’d never been to Ian’s place before, but that’s not how he imagined it. Ian always seemed so proper – maybe something to do with his accent, or the way he wore his suits. But that might just be another secret he hid.
“Your kids are at school?” asks Curt loudly.
“Yeah” answers Ian from the kitchen. “They’re doing good. They like it here.”
“Good.”
Despite what he’s been told, Curt stays standing.
“Are you going to ask him about Jesus or what? Is Jesus one of the kids?” asks Owen sarcastically.
Curt resists the urge to roll his eyes. He wishes he could tell him to shut up.
“Sit,” says Ian again as he comes back with a tray supporting two cups and a pot of sugar. “I’m sorry, I know you like cream in it, but I don’t have any.”
Curt shakes his head.
“That’s fine.”
“So what brings you here? Because I guess it’s not the wish to talk about the good old times,” smiles Ian as he passes him his cup.
“I’m looking for someone.”
Ian raises his eyebrows.
“You know I got out of that kind of stuff.”
“I know you can never really get out.”
Ian hold his eyes as if trying to evaluate him, then smiles as if to apologize.
“Tell me more, and I’ll see what I can do.”
“It’s about a double agent. Probably a woman. Probably American. Calls herself Jesus.”
“And what makes you think Jesus is in Panama?”
Curt shrugs while adding sugar to his coffee.
“I have my sources. So you know her?”
Ian shakes his head.
“Now. But I’ve heard that name. Quite often linked to some shaggy dealings. You’re sure you want to get involved in that?”
Again, Curt shrugs.
“It’s my job.”
“It’s not just your job. It’s your life, too.”
Curt can’t stop a smile from reaching his lips.
“We’ve already had that conversation.”
“Yeah. But it was a long time ago. Your position could have changed.”
“Did yours?”
Ian half smiles.
“I have kids. It’s much more about their lives than about mine.”
Curt’s eyes wander on the dolls, trains, and soldiers spread around them.
“So what does that Jesus deal with?”
Ian sighs.
“Anything she can find, apparently. Bombs, attacks, assassination. But not the small stuffs. I’ve heard she had a hand in the last terrorist attack in America. Didn’t know she was from the CIA, though. I thought she was just a rogue.”
“Do you know where I can find her?”
“Again, I advise against that.”
“We don’t need his advices. Stop chit-chatting and get real info out of him” presses Owen.
“But you know.”
“I didn’t say that.”
Curt tilts his head to the side and smiles.
“Come on, Ian. If you don’t tell me, I’ll go digging myself.”
He feels that, since he got here, they’ve just been beating around the bush – and not only about Jesus. There has always been a lot of things that have been left unsaid between us – even when they did actually talk. None of them have ever been good at communicating, and at a point, it did seem better not to say anything.
“I know” Ian sighs. He then looks at his forehead and nods. “What happened to your head?”
“I fell” answer Curt without touching his bump.
“Yeah. You always did fall a lot.”
Of course Ian doesn’t believe his story.
“I’m clumsy that way.”
“Cynthia is still here?”
“I’m not supposed to answer that question.”
“That guy used to be CIA, that’s it?” asks Owen.
“I’ll take that as a yes. She didn’t change, huh?”
Curt shrugs. He doesn’t really want to talk about Cynthia – not when he was starting to feel more comfortable.
“Either that guy was CIA or he’s really creepy,” says Owen.
“You know, you were always better than what she thought. At your job, I mean. And in general, too.”
“I didn’t come here for a motivational talk.”
“Didn’t you?” asks Ian while putting his cup down.
Truth be told, maybe he did. Maybe he came here as much for the information as for the conversation.
Maybe he shouldn’t have.
“I came because I needed your help. With this case.”
“Yeah, and he better help” sighs Owen. “Because so far, he has been quite useless.”
“I’m glad you came.”
With that, Ian puts his hand on Curt’s. And Curt feels all his tiredness, all his pain and all his anger melt away.
He probably did come for the conversation.
“What’s happening?” asks Owen when the silence lingers.
Curt pushes a button on his watch and disconnects his tracker and his coms.

[Les persos principaux lel] passaient près de la salle de Sortilèges quand deux élèves de première année manquèrent de les bousculer.
« Les première année perdus, c'est vraiment trop chou, commenta Rosamund avec un petit sourire attendri. Ça me rappelle nos jeunes années.
— Allons, allons, dépêchons, entrez vite Monsieur Linwood. Ah, Miss Redmoon, il me semblait bien qu'il manquait encore quelqu'un d'autre ! résonna la voix du professeur Flitwick, quand les deux jeunes élèves  poussèrent la porte pour entrer. »