La cantine est vide, mais le percolateur à vapeur est en marche en permanence. Egalité se rend compte qu’il a faim, et passe dans la cuisine. Il repêche une saucisse dans le ragoût de lentilles, arrache un bon morceau à une miche de pain et, après avoir hésiter, tartine généreusement celle-ci de moutarde. Son café a fini de couler, mais il a les mains prises. Il cale sa saucisse dans son pain, jette la fourchette dans l’évier et récupère sa tasse. Il manque tout lâcher en se retrouvant face à Lauricienne.
— Putain, Lauricienne, tu m’as fait peur. Qu’est-ce que tu fais encore là à cette heure-ci ?
— Du travail au labo, répond-elle en haussant les épaules. Et toi ? Tu… manges ?
— J’avais faim, j’ai pris ce que j’ai trouvé.
— Mouais, ose la laborantine, plutôt rebutée par l’aspect dégoulinant de graisse figée de l’assemblage douteux. Assieds-toi cinq minutes, prends le temps de manger. Il paraît que t’as foutu un beau bordel chez les gradés, primidi ?
Egalité rougit et prend le temps de déglutir avant de répondre.

Mais la faim pris le dessus et nous filions dans la cuisine pour terminer de préparer notre repas. Eliott s’occupait du four qui était quelque peu capricieux, pendant qu’un verre de chablis à la main, je garnissais les pâtes à pizza, fraîchement préparées; sauce tomate, jambon, champignons et fromage, beaucoup de fromages. J’étais pompette, l'apéritif avait quelque peu duré et les proportions étaient bien le cadet de mes soucis.