Mei tape dans ses mains pour attirer l'attention du groupe.
- Bon, maintenant que nous sommes tous là, on va pouvoir s'occuper de nos costumes de scène !
Un silence assourdissant répond à sa tirade.
- Je croyais que c'était Tia, la surprise ! geint Micro-Ice. Qu'est-ce que tu nous as trouvé comme costume, en plus ? Je crains le pire...
- Mais non, ne t'inquiète pas. J'ai trouvé des trucs parfaitement adaptés à chacun. Il nous faut une identité visuelle, quand même.
- Je suis pas prêt pour monter un groupe de K-Pop, moi, prévient Ahito avec un air buté sur le visage. Si tu veux nous la jouer BTS, non merci...
- Tu aurais presque la tête de Taehyung si tu avais la coupe au bol, Ahito, remarque D'Jok.
- Oh tout de suite, franchement, renifle Thran. C'est parce qu'on a les yeux bridés que tu dis ça ! Et nos grands-parents sont japonais, tête d'œuf ! On ressemble pas à des Coréens !
- Depuis quand vous connaissez des groupes de K-Pop vous tro... Oh ça suffit, on va aller voir vos costumes !

– Tu aimes la K-Pop ?
Luke déglutit ; il ne voulait pas dire que ce style de musique ne l’intéressait pas et se contenta de hausser les épaules.
– J’en écoute pas beaucoup, continua-t-elle, mais il y a un groupe que j’aime beaucoup. Tu veux écouter ?
Luke mit l’écouteur dans son oreille, prêt, et il fut agréablement surprit en entendant la musique. C’était doux, mélodieux, harmonieux, tout le contraire de ce qu’il avait pourtant imaginé. A la fin de la chanson, il retira le petit objet et avec un sourire, il se tourna vers Nina.
– J’ai bien aimé. C’est quel groupe ?
– BTS, répondit Nina. J’aime beaucoup le chanteur, je trouve qu’il a une voix différente des autres groupes de K-Pop. Tae… quelque chose, Hyung, peut-être. Son nom de famille est Kim.
– Je retrouverai, dit Luke en riant. Et tu as connu comment ?
– C’est une amie de mon père qui est coréenne qui m’a dit d’écouter. Tu la connais peut-être, elle est la gérante du garage qui est un peu excentrée du centre-ville, Ho Chull GO./
Luke ouvrit des yeux ronds et secoua la tête.
– Je te conseille d’écouter ce groupe, en tout cas.
– J’écouterai, promis le jeune blond.

Namjoon salua le couple assis à côté de lui de la tête. Le jeune homme blond, qui avait à peu près son âge, un peu plus vieux peut-être, avait glissé un écouteur dans l'oreille de sa petite amie. Les deux répondirent avec politesse à son salut puis se sourirent. Sur l'accoudoir, la jeune femme glissa sa main dans la paume qui y était ouverte ; son propriétaire plongea ses yeux dans les siens, puis serra sa main avec une intensité qui toucha le jeune leader. Il se cala confortablement dans son siège, et regarda les pubs défiler sur l'écran. Les deux jeunes gens retirèrent leurs écouteurs, et se mirent à parler avec animation dans une langue qu'il ne comprenait pas. À chaque fois que la fille prenait la parole, les nombreux bracelets accrochés à ses bras cliquetaient avec agitation.

Namjoon se pencha sur le comptoir derrière lequel un homme passablement endormi appuyait frénétiquement sur sa souris.
-il n'y a plus de place pour le concert des Silence Killers, grogna-il. Je l'ai déjà dit six fois aujourd'hui. Le guichet est fermé.
[...]
Jungkook suivit nonchalamment du regard une jeune femme harnachée d'une sacoche de violon et son compagnon aux cheveux bruns qui traversaient la place. Lorsqu'ils passèrent devant lui, il reconnut l'homme, écarquilla les yeux, se précipita et cria en coréen
-attendez ! vous êtes les Silence Killers, non ?
Tous deux s'immobilisèrent et se tournèrent vers lui, l'air déstabilisé. Jungkook se passa une main dans les cheveux, rougit, avanca de quelques pas, et se corrigea  :
- I'm sorry if I euh...disturbed you. But I'm a great fan of your group and I really wanted to meet you... I didn't know that you were here. You were fantastic 2 months ago in New York !
Il butait sur les mots. Le visage de Tia, la jeune violoniste, se fendit d'un sourire.
-its okay. It was a pleasure !
Jungkook n'avait pas les mots pour s'exprimer, et se contenta de s'incliner.
-have a great day, balbutia-il.
-you too, grommela négligemment Sinedd en sortant une clef de sa poche. Les deux continuèrent leur route en bavardant. Jungkook, resté au milieu de la chaussée, le coeur battant, les vit disparaître derrière la porte où s'étalait l'inscription "entrée des artistes". Ne boudant pas son plaisir à l'idée de recroiser ses idoles, avec le statut d'artiste cette fois,  il se dirigea vers l'entrée.

- Oh merde, qu'est-ce que c'est que ça ? S'exclame Yuki, devant son ordinateur.
- Quoi ? Demande Mei en repoussant ses cheveux pour une fois détachés.
Micro-Ice s'est approché lui aussi, avec Tia qui lui montrait ses cours de fac.
- J'étais en train de me balader sur YouTube pour essayer de trouver des vidéos de votre premier concert et je suis tombée sur ça. C'est limite glauque. Attendez, je vous la remets.
C'est un montage de photos de Mei, plus ou moins récentes, de concerts, de publicités qu'elle a faite et même d'instantanés piochés dans des magazines. La chanson illustrée par les photos est presque indécente tant le message est clair :
« Belle
C'est un mot qu'on dirait inventé pour elle
Quand elle danse et qu'elle met son corps à jour, tel
Un oiseau qui étend ses ailes pour s'envoler
Alors je sens l'enfer s'ouvrir sous mes pieds

J'ai posé mes yeux sous sa robe de gitane
À quoi me sert encore de prier Notre-Dame
Quel
Est celui qui lui jettera la première pierre
Celui-là ne mérite pas d'être sur terre

Ô Lucifer !
Oh ! Laisse-moi rien qu'une fois
Glisser mes doigts dans les cheveux d'Esmeralda »
- Qu'est-ce que c'est que ça ? Chuchote Mei, les yeux grand ouverts d'effroi.
- Attends c'est pas fini, prévient Yuki.
Une deuxième voix prend la suite, et le monde commence à tourner pour la chanteuse. Elle ne comprend pas très bien le français, mais l'auteur a eu la bonne idée d'intégrer des sous-titres anglais pour qu'elle ne puisse pas détourner les yeux de cette vidéo.
« Belle
Est-ce le diable qui s'est incarné en elle
Pour détourner mes yeux du Dieu éternel
Qui a mis dans mon être ce désir charnel
Pour m'empêcher de regarder vers le Ciel

Elle porte en elle le péché originel
La désirer fait-il de moi un criminel
Celle
Qu'on prenait pour une fille de joie une fille de rien
Semble soudain porter la croix du genre humain

Ô Notre-Dame!
Oh ! Laisse-moi rien qu'une fois
Pousser la porte du jardin d'Esmeralda »
- Oh merde Yuki, bredouille Micro-Ice en se penchant sur l'écran comme s'il voulait passer à travers. Eteinds ce truc tout de suite, c'est gênant.
- Non ! Refuse Mei, habitée par une curiosité morbide.
- Mais Mei, c'est vraiment glauque, proteste Tia.
- Je sais. Mais je veux voir jusqu'au bout, je connais pas cette chanson. Il faut que je voie jusqu'où ça va.
Le chanteur change une nouvelle fois. La voix est plus claire, plus jeune, mais les paroles sont peut-être encore pire.
« Belle
Malgré ses grands yeux noirs qui vous ensorcellent
La demoiselle serait-elle encore pucelle ?
Quand ses mouvements me font voir monts et merveilles
Sous son jupon aux couleurs de l'arc-en-ciel

Ma dulcinée laissez-moi vous êtes infidèle
Avant de vous avoir menée jusqu'à l'autel
Quel
Est l'homme qui détournerait son regard d'elle
Sous peine d'être changé en statue de sel

Ô Fleur-de-Lys,
Je ne suis pas homme de foi
J'irai cueillir la fleur d'amour d'Esmeralda »
- Je vais vomir, conclut Micro-Ice au moment où les trois voix se rejoignent pour répéter le refrain.
- Je prends le lavabo, prévient Yuki tout aussi verte.
- Vous me laissez la douche, ordonne Mei. Il faut que je me lave.
- Oh ! S'écrie Tia, qui a fait tourner la molette pour regarder la description de la vidéo.
Elle traduit le texte français pour ses amis :
« Fanvidéo de Mei, qui est une des plus belles filles du monde, et franchement, on dirait que cette chanson a été écrite pour elle ! J'ai trop envie de cueillir sa fleur d'amour ! »
- J'ai vraiment besoin d'une douche, annonce la chanteuse en se levant brusquement.
Elle disparaît vers les étages et vers sa salle de bain avec précipitation, le teint blême.
- T'abuses Yuki, grogne Micro-Ice, c'était pas cool de lui montrer ça.
- Je pensais pas que ça irait jusque là, j'avais même pas vu la description de la vidéo !
- C'est l'envers du décor, argumente Tia. Ce sont des choses auxquelles il faut parfois s'attendre, surtout Mei. Ou Yuki. En étant les chanteuses, vous êtes les vitrines du groupe, et souvent les plus atteintes sur ce genre de terrain.
- Oh je suis sûre qu'on peut trouver une vidéo pareille sur Mice ! Rigole la rouquine en s'étirant les doigts.
- Je t'interdis de faire ça ! Hurle Micro-Ice en se jettant sur elle.

Il ne savait quoi faire avec Ilya tant leur relation devenait plus complexe de jour en jour. Elle était son péché, son obsession. Un désir fou qui le tourmentait, qui le tournait en dérision, qui le déchirait et le hantait. Il lui avait avoué ce qu’il ressentait pour elle, mais elle n’avait jamais répondu. Peut-être s’était-il fait des idées, peut-être n’était pas intéressée par lui. Peut-être aime-t-elle quelqu’un d’autre.

Caleb s’arrêta un instant, figé, immobile. Elle était magnifique. Il n’y avait pas d’autres mots pour la décrire : sa beauté était à coupé le souffle. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine. Il la désirait. Elle était belle. Si belle. C’était un mot qu’on dirait inventé pour elle. Ses longs cheveux bouclés retombaient sur son épaule. Ses boucles d’oreilles dorées qui brillaient dans la lumière et qui rajoutait cette couche de féminité. Ses jambes potelées découvertes qu’il avait envie de caresser avec tendresse. Ses joues brillantes grâce à du maquillage très léger.

-En l'an 2000, il a eu seize ans, et le monde étant entré dans un nouveau millénaire, il a décidé de faire de même en prenant la tangente pour écrire son histoire. Il n'a plus mis les pieds à la maison, dit Namjoon. Je croyais vous l'avoir déjà dit. Il a pris son diplôme, son sac à dos, et il est parti. Il ne s'est jamais entendu avec mes parents.  

Pierre après pierre, jour après jour, ses amis lui apparaissaient comme des membres de sa famille ; leur relations se solidifiaient.  À tel point que l'ambiance de la maison où il avait grandi lui paraissait en comparaison froide, empreinte de retenue. Il s'en voulut de penser ainsi.

Jimin serra les poings, énervé sans comprendre. Il secoua la tête, chassa les pensées désagrébles qui la parcouraient ; il ne pouvait pas se permettre d'exagérer et de penser, de par certaines erreurs de communication qui étaient siennes, ou liées à la personnalité du jeune homme, que ce dernier ne l'appréciait pas. Yoongi était légitime dans ses réactions, et c'était à lui de s'adapter, de comprendre. Il devait donner, sans rien attendre en retour.