Elle sut ce qui allait se produire avant de baisser les yeux sur sa main, dans laquelle brillait un orbe lumineux et bleuté pareil à celui qu’elle conservait à l’intérieur de son volant. La sirène possédait des cheveux d’un noir de jais, parsemés à différents endroits de mèches de différentes couleurs. Anémonira avait l’impression que chez les Sirènes du Sud, il était courant de porter des chevelures d’une couleur aussi vive et éclatante que leur queue de sirène. Ses écailles étaient d’un bleu sombre, et faisaient ressortir davantage encore la pâleur de sa peau.
- Boenys Océnasfieste, déclara-t-elle d’une voix douce.
- Boenys Océnasfieste, répondit la jeune fille, déplorant son accent hésitant.
En sentant sur elle peser le poids de son regard, sombre comme de l’onyx, Anémonira ne put s’empêcher de penser à Aisling-Maya. Tout comme la première des sirènes, la jeune femme qui se tenait devant ses yeux possédaient des prunelles si foncées qu’il était impossible de faire une distinction entre l’iris et la pupille.
- Tu n’as pas encore reçu de cadeau ? vérifia-t-elle.
Nira eut à peine le temps de secouer la tête en signe de dénégation qu’elle déposa dans sa main l’orbe minuscule, qui s’ouvrit à ce contact. Un fin bracelet multicolore en sortit. Nira crut reconnaître la plupart des pierres qui se trouvaient sur ce dernier, quelques perles en quartz rose, d’autres en quartz oxyde de fer, et enfin plusieurs perles en aventurine et en améthyste. L’ensemble était relié par une chaînette couleur or rose. La jeune femme le suspendit à son poignet avec des gestes délicats.
- Garde-le sur toi le plus possible. Il soignera les maladies terrestres, comme le rhume, la bronchite. Je suppose que tu en auras besoin là-haut.
Un sourire illumina son visage alors qu’elle s’exprimait.
- Je me prénomme Anaé. Sois la bienvenue à Berniques-sous-Mer, Princesse de l’Eau.

Un autre couple, un peu plus loin, se tenait d’une seule main, et l’homme faisait tourner autour de lui une petite fille aux cheveux blonds qui lui ressemblait beaucoup, avec de grands yeux bleus écarquillés. Même la couleur de leur queue de sirène était exactement semblable. Ils avaient l’air ivre de bonheur, et dansaient au gré de la musique.

La Moustillon me salue, me demande des nouvelles, alors je lui raconte très brièvement notre aventure. Puis elle me présente à un Gobou, qui a l'air tout timide.

- Salut ! fais-je pour engager la conversation. Tu t'appelles comment ?
- Oh, euh, je suis Luciano... Euh non ! Nuage de Terre.
- Tu avais un autre nom avant ?
- Oui... Je... Je ne suis pas d'ici. Mais j'ai été séparé des miens, et recueilli par les Clans.
- Oh ? Comme moi !
- Oui, il vivait au delà du territoire des Clans, me raconte Nuage de Bruit pour aider le Gobou qui a du mal à parler. Mais ses parents se sont fait attaquer et il n'a pu que fuir. Jusqu'à se retrouver ici.
- Oh, c'est triste... Et tu te plais ici ?
- Ben... Ce sont eux qui m'ont recueilli mais... L'entraînement, tout ça... J'ai peur de pas être à la hauteur pour être comme eux, pour explorer et sauver les autres...
- Mais arrêteuuuh ! proteste sa camarade de Clan. T'es super intelligent, tu trouves des stratégies de ouf !
- Oui mais j'ai moins de puissance que les autres, je ne suis pas né ici...
- Ça fait rien ! Tiens, Nuage de Feu ici présente c'est pareil, elle avait jamais combattu avant hier, et pourtant elle s'est bien débrouillée ! Même si je l'ai battue, ajoute-t-elle d'un ton taquin.